Di Zéna Zalzal da L’Orient le Jour (Libano) del 14 novembre 2024
Una “maratona di disegno” lanciata dal pubblicitario e illustratore libanese Thierry Chehab per “sensibilizzare il maggior numero possibile di persone sulla tragedia vissuta dal Paese dei Cedri”.
THIERRY CHEHAB LANCE UN “SKETCHATHON” POUR LE LIBAN
Sur atary81, le compte Instagram de Thierry Chehab, les 4 315 followers (abonnés) ont vu apparaître le 21 octobre dernier une publication les invitant à participer à un « Sketchathon » pour le Liban. Un « marathon de dessins » lancé par ce publicitaire et dessinateur-illustrateur libanais pour « sensibiliser, dit-il, le maximum de monde à la tragédie que vit le pays du Cèdre ». Précisant qu’il s’agit d’une initiative « d’art pour la paix » envisagée « d’un point de vue strictement humain, hors de toute considération politique ».
Une semaine plus tard, il y postait déjà les œuvres de trois dessinateurs internationaux qui avaient répondu à son appel, en reproduisant chacun à sa manière, avec sa technique et son style personnel, une vue des vieux souks de Nabatiyé dont il leur avait fourni une image photographique, évidemment prise avant qu’ils ne soient totalement rasés par l’aviation israélienne.
Idem les semaines suivantes au cours desquelles se sont succédé, toujours sur son fil Instagram, à chaque fois trois versions dessinées par trois différents illustrateurs d’un cliché photographique qu’il avait mis à leur disposition. En l’occurrence, une vue des colonnes de Baalbeck sous la neige, un polaroid d’un albatros déployant ses ailes au-dessus de la tête d’un plongeur dans le vieux port de Batroun, ainsi qu’un autre montrant une baigneuse se prélassant au soleil de Enfé.
Des illustrations directement inspirées du patrimoine matériel et immatériel libanais signées par des artistes français, italiens, britanniques, portugais, indonésiens et bien sûr libanais. Pour la plupart affiliés, comme Thierry Chehab, au mouvement des « Urban Sketchers », une communauté mondiale de dessinateurs qui privilégient les panoramas urbains et scènes de rue.
Contrer la désolation actuelle par les souvenirs d’avant
Pour cet artiste, à la patte de carnettiste, la passion du dessin a toujours été en lien avec sa « couverture en direct » des événements que le Liban a traversés au cours de ces dernières années. Lors de la révolution d’octobre 2019, puis en août 2020 dans les semaines qui ont suivi la double explosion au port de Beyrouth, il avait passé des journées entières sur les lieux pour en consigner en croquis aquarellés les scènes marquantes dans ses carnets. «Tant que je suis au Liban, je consacrerai mes dessins à recueillir les histoires et les témoignages des événements qui s’y déroulent», répétait, alors à la presse, ce lauréat du concours international de reportage organisé par le groupe Urban Sketchers pour sa couverture de l’explosion de Beyrouth en dessins, également récompensé au Rendez-Vous du Carnet de Voyage à Clermont-Ferrand (Coup de cœur du jury – Prix international du carnet de voyage) en 2021.
Mais voilà, expatrié depuis trois ans à Dubaï, où il est directeur créatif d’une agence de publicité, Thierry Chehab ne peut pas rendre un témoignage dessiné sur le terrain de cette nouvelle phase de violence qui déferle sur le pays du Cèdre. Et dont il suit, « avec angoisse, minute par minute, son évolution», dit-il.
Relayer le message que le Liban mérite d’être sauvé
Alors, à défaut de pouvoir apporter son propre témoignage visuel des agressions que le Liban subit, il choisit de contrer la désolation des images de violence et de destruction qui lui en parviennent en y superposant celles de la beauté intrinsèque de ses sites historiques ou naturels. Ou encore celles dépeignant le bonheur d’y vivre en temps de paix. Une manière de rester fidèle à ce motto qu’il a fait sien : « Des dessins pour garder trace. »
C’est de là que naîtra l’idée de ce Sketchaton basé sur un appel, lancé via ses réseaux sociaux, à reproduire de manière artistique des images du temps heureux du Liban d’avant.
« Je poste une photo en début de semaine, avec une petite note informative autour de son contenu, et je choisis parmi les dessinateurs qui se portent candidats les trois dont le trait et la sensibilité me semblent les plus adéquats pour chaque thématique. Il ne s’agit pas d’une compétition, mais d’une opération de communication diffusant un message de beauté, de paix et de prise de conscience », assure ce quadragénaire qui a longtemps officié en tant que directeur de création associé au sein de l’agence Leo Burnett Beirut et professeur en publicité à l’Université Antonine.
Grâce à ces dessins postés simultanément sur son fil Instagram et ceux de chacun des artistes qui les ont signés, c’est une audience internationale élargie qu’il espère ainsi amener à s’intéresser au Liban. « Les artistes participants jouissent pour la plupart d’une grande notoriété qui leur vaut à chacun une flopée de followers. Par le biais de leurs œuvres, mettant en lumière la richesse patrimoniale et humaine de ce pays actuellement sous la menace des bombardements de l’armée israélienne, j’essaye tout simplement de relayer le message que le Liban mérite d’être sauvé », affirme en conclusion Thierry Chehab. Qui accompagne chacun de ces posts par de lancinants audios de chansons de Feyrouz.
Envisage-t-il de donner suite à cette initiative de manière à recueillir des fonds pour les victimes ? « Ce projet est plus compliqué à mettre en place. Il requiert la contribution d’éditeurs et d’ONG. Mais, avis aux intéressés », lance-t-il, comme une bouteille à la mer.
*Terme issu de la contraction des mots anglais Sketching (esquisse) et Marathon.