Di May Makarem da L’Orient le Jour del 13 giugno 2023
La collezione raccolta con cura comprende giornali e periodici, oltre a edizioni speciali, dalle origini fino alla fine degli anni ’50.
MUSéE NABU: DE BEYROUTH à RIO, EN PASSANT PAR LE CAIRE, HAMBOURG ET NEW YORK, LA PETIT HISTOIRE DEL LA PRESSE ARABE
Des journaux et des périodiques, publiés en arabe dans différents pays du monde et collectionnés par Jawad Adra et Badri el-Hage, offrent une vision de l’histoire de la presse arabophone au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que dans les pays de la diaspora. À travers cette exposition – inscrite au calendrier du musée Nabu jusqu’au 16 septembre –, on découvre que le poète et journaliste alépin Rizkallah Hassoun el-Halabi (1825- 1880) est le premier Arabe à avoir publié un quotidien politique, Mir’ate al-Ahwal (Le Miroir des conditions). C’était en 1855. Trois ans plus tard, le Libanais Khalil el-Khoury, une des figures centrales de la Nahda, éditera Hadiqat al-Akhbar (Le Jardin des nouvelles). Il « fut le premier à populariser un sentiment d’identité syrienne », selon les historiens Jens Hanssen et Hicham Safieddine, professeur de l’histoire du Moyen-Orient moderne à l’Université British Columbia. Parmi les pionniers également, l’Alépin Abderrahman el-Kawakibi (1855-1902), cofondateur avec Hicham el-Attar du journal ash-Shahba’, ainsi que Daoud Bacha (1816-1873), premier gouverneur de la moutassarrifiya du Mont-Liban et concepteur de Lubnan, journal officiel de la moutassarrifiya. Le catalogue publié par le musée Nabu met également en évidence « un groupe distingué de fondateurs visionnaires de la presse qui étaient à l’origine la Renaissance arabe », tel Boutros el-Boustani et Nassif el-Yaziji, ainsi que Khalil Saadé qui a vécu en Argentine où il publie un périodique intitulé al-Majalla, avant de déménager au Brésil en 1919. Il a un lien entre sa patrie et les diasporas libanaise, palestinienne et syrienne à travers un périodique hebdomadaire, al-Jarida
Le Libanais Khalil el-Khoury, une des figures centrales de la Nahda, éditera en 1858 « Hadiqat al-Akhbar » (« Le Jardin des nouvelles »).
Des centaines de titres
Plusieurs tentatives ont eu cours au XIXe siècle pour inventorier le nombre de journaux et revues arabes édités au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et en Amérique. Badr el-Hage, écrivain, collectionneur et curateur de l’exposition, signale que Gergi Zeidan en a recensé 147, annotés dans son bulletin d’information al-Hilal (Le Croissant) en 1892. En 1893, Mohammad Kamel el-Bouhaïri révèle une autre quarantaine dans la première édition de Tarablos (Tripoli). En 1913, les statistiques publiées par le comte Philippe de Tarrazi dans son encyclopédie Tarikh as-Sahafa al-Arabiyya (Histoire de la presse arabe), donnent en substance les résultats suivants : dans la seconde moitié du XIXe siècle, 394 périodiques et journaux sont créés en Égypte ; environ 55 au Liban et bien d’autres dispatchés entre la Syrie, la Palestine, l’Irak, le Hedjaz, tel al-Quds fondé par Girgi Hananiya en 1909 ; Kawkab Afriqia (Algérie) lancé par Mahmoud Kahul en mai 1907 ; an-Nasr (Tunisie), hebdomadaire politique, socialiste et culturel, instauré par Muhsin Zakaria en 1910 ; ou encore ash-Sharq al-Arabi, le journal officiel de la Transjordanie paru en 1923.
Parmi les publications, des revues qui s’intéressent à l’art et à la vie littéraire, des magazines satiriques ainsi que des journaux d’information politique. Dans cette collection enrichie au fil des années, on découvre avec curiosité la presse arabophone publiée au sein de pays où cette langue n’est pas dominante, comme à Constantinople où un de ces premiers titres a été le quotidien littéraire al-Jawa’eb du célèbre Farès el-Chidiac (1804 – 1887). Soutenu financièrement par les autorités ottomanes, égyptiennes et tunisiennes, le journal était lu aussi bien à Beyrouth qu’à Damas, à Bagdad, au Caire ou au Maghreb. Il cessa de paraître en 1884. Son fils Salim Farès (1826-1906) optera pour Londres afin d’y fonder le journal Hurriyet en 1894.
En effet, en raison de leur positionnement revendiqué antiottoman, certains éditeurs se sont expatriés pour échapper à la répression. Ce ne fut pas le cas du Libanais Abdel Ghani el-Arissi, propriétaire du journal al-Moufid, exécuté par Jamal Pacha le 6 mai 1916.
Un numéro du journal « al-Ahram » paru le 5 août 1876. Photo DR
La presse du « mahjar », vecteur du nationalisme
Historiquement, la France et le Royaume-Uni ont offert un espace de libre expression aux journalistes et autres intellectuels qui y ont trouvé refuge. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs titres hostiles à l’Empire ottoman ont vu le jour en Europe, tel Mira’t ad-Dunia, édité à Hambourg, en Allemagne, ou encore an-Nahla (L’abeille). Initialement paru à Beyrouth, le journal a commencé à être publié depuis Londres, à partir de 1876, après l’exil de son fondateur Louis Sabounji.
Outre-Manche, les courants migratoires des pays du Levant vers le Nouveau Monde ont suscité la création de nombreux journaux en arabe. Aux États-Unis, on compte à partir du milieu du XIXe siècle 52 journaux et 27 revues, dont le supplément littéraire as-Sa’ih, fondé par Abdel Massih Haddad, s’est installé à New York dès avril 1912. À ce magazine, a collaboré une pléiade d’écrivains émigrants, notamment Gebran Khalil Gebran, Éliya Abou Madi, Nassib Arida, Mikhaël Neaïmé et Filib Hitti (Philippe Hitti). Au paravent, avait paru Kawkab Amrika (La Planète Amérique) en 1888.
C’est toutefois le Brésil qui surpassera tous les pays des Amériques en nombre de titres : 82 journaux et 13 revues, si l’on se réfère au recensement de De Tarrazi en 1929, et c’est ainsi que fut créé dans ce pays, en 1894, le premier journal arabe de l’Amérique latine. Le Brésil est suivi de l’Argentine (41 journaux et 17 revues, dont celle éditée par Salim Abou Ismaïl dès 1915). Au Mexique, on dénombre 15 journaux et 2 revues. Dans l’ensemble des pays du continent, la presse arabe a mené auprès des communautés immigrées un rôle éducatif et d’apprentissage, d’intégration et de savoir-vivre, mais elle a été particulièrement un vecteur d’idées nationalistes, telles que le nationalisme syrien et le nationalisme libanais, et a joué un rôle important dans « les mobilisations politiques transnationales ».À travers cette exposition, on repère une mine de découvertes, comme la présence d’une presse arabophone en Malaisie et en Indonésie, où le quotidien al-Wifaq, édité par Mohammad Saïd el-Fattat, relate dans ses numéros la Nahda scientifique et la pensée islamique. En 1908, al-Marounia al-Fatate (Le maronitisme naissant) de Youssef Khattar Hatem paraissait en Chine. Nabu a publié un catalogue détaillé de l’exposition.
Musée Nabu, al-Heri, Batroun,
Liban-Nord, jusqu’au 16 septembre 2023.
Ouvert de mercredi à dimanche inclus. Entrée gratuite.