Di Annabelle Martella da L’Orient le Jour (Libano) del 25 luglio 2018
«Looking for Leisure», una mostra fotografica al museo Sursock immortala il Libano degli anni 1920-1960 tra momenti al mare e gite in montagna.
LE LIBAN JET-SET, ENTRE BAINS DE MER ET COURSES DE SKI ALPIN
Trois amis rient devant l’objectif et derrière eux, la blancheur de la neige. Emmitouflés dans des doudounes pas bien épaisses, les trois compères skient aux Cèdres. Henri Charles, un missionnaire jésuite, interrompt leur entraînement pour immortaliser ce moment de légèreté dans les montagnes du Levant. Nous sommes dans les années 30, décennie qui rime avec le début des congés payés en France et l’avènement des loisirs au Liban.
Une exposition de souvenirs de vacances
Chaque cliché de « Looking for Leisure » est un voyage. L’exposition nous ramène au pays du Cèdre entre 1920 et 1960, celui des cartes postales avec ses montagnes enneigées et ses centres de villégiature haut perchés. Par le biais de trois photographes amateurs, la collection Fouad Debbas et la Fondation arabe pour l’image (à travers la collection Alexandre Medawar) offrent un panoramique – assez petit malheureusement – de ces moments de loisirs partagés par une société bourgeoise et coloniale. Courses de ski, bains de mer et parties de chasse… Les Libanais bien nés et les étrangers profitent de « ce merveilleux pays dont les beautés naturelles égalent les richesses archéologiques ».
Les soldats français, pendant leurs permissions, prennent aussi la pose devant les ruines de Baalbeck ou aux bains militaires et accompagnent leurs cartes postales de ces petits clichés : « Mon cher Dédé, je t’envoie l’endroit de la baignade militaire. (…) J’envoie la photo à papa, car on s’est fait photographier ; pour la nage, je suis un as. »
Tourisme et colonialisme
Cette image romantique et touristique du Liban est-elle aussi un outil de domination coloniale ? Est-ce un hasard si l’exposition débute par la couverture bleutée du Monde colonial illustré, revue française publiée dans le but de défendre les intérêts coloniaux de Paris ? Comme l’écrit l’historien Michel Pierre dans Le tourisme, stade ultime du colonialisme, « l’appareil photographique marque l’avènement serein de la domination occidentale outre-mer. Ces vastes territoires peu à peu colorés sur les planisphères dessinent un empire que l’on parcourt en expéditions plus ou moins hasardeuses dans les pas des premiers voyageurs avant que ne se développe, confort et sécurité aidant, le tourisme, symbole d’une présence coloniale banale et ordinaire ».
« Looking for Leisure » n’est donc pas une simple exposition de souvenirs de vacances mêlant des clichés Kodak de moments intimes à des photographies de franche camaraderie dans un Liban destination de rêve. Elle interroge aussi le spectateur sur le tourisme d’hier et d’aujourd’hui…