Di Colette Khalaf da L’Orient le Jour (Libano) del 22 settembre 2022
A Madrid, su iniziativa Nicole Hamouche e fino alla fine di settembre, inaugurata la proiezione di una selezione di film libanesi dal titolo “luce di una terra scossa”.
ODE AU CINéMA LIBANAIS EN TEMPS TROUBLES
Elle a pris l’initiative de proposer à « la Casa Árabe de Madrid », l’institution publique espagnole créée en 2006 sur le modèle de l’Institut du monde arabe à Paris, de présenter un cycle de films libanais qui s’intitule « Lumière d’une terre ébranlée ». Une série de films libanais récents qui tendraient à faire connaître d’abord le Liban dans le pays de Cervantès et à montrer ensuite aux jeunes résidents libanais à Madrid (et ils sont nombreux) les nouvelles œuvres cinématographiques du pays du Cèdre. Nicole Hamouche, actuellement journaliste, a travaillé 15 ans dans une banque d’affaires et d’investissement en France et dans la région MENA. Elle n’a eu de cesse de soutenir en parallèle les industries créatives, le développement durable, l’entrepreneuriat social et les projets à impact, s’est investie avec la même passion dans le dialogue des cultures.
Nourrie de la Mare Nostrum
« Outre la littérature, ce sont les arts vivants qui m’ont toujours passionnée, affirme la jeune femme. Théâtre et cinéma ont été au cœur de mon parcours », indique celle qui a écrit des scénarios, fait des ateliers d’écriture et interprété même des rôles au théâtre. Mais pas que, puisque la danse et la musique interviennent afin de nourrir son imaginaire et son écriture. Infatigable, elle ne s’arrête jamais et multiplie les rencontres qui jalonnent sa trajectoire. « Je suis habitée par l’écriture, la littérature, la créativité et la nature », réitère-t-elle. Et si aujourd’hui elle a pris cette initiative, c’est parce qu’elle voulait à tout prix témoigner de la culture libanaise et faire mémoire mais aussi dénoncer, à travers le vecteur cinéma, la violence politique, sociale et économique. Pourquoi l’Espagne ? Parce qu’elle aime les langues et surtout la Méditerranée. Hispanophone, elle avait étudié à l’âge de 17 ans l’espagnol à l’Instituto Cervantès. À 20 ans, elle avait reçu une bourse du ministère des Affaires étrangères espagnol pour passer un mois à l’école diplomatique à Madrid. Elle a par la suite longtemps entretenu sa culture espagnole et a même été tiraillée entre rester au Liban ou s’installer à Madrid. « Ces derniers temps, poursuit-elle, je voulais faire quelque chose pour cette terre dont je me suis irriguée pour mes écrits car depuis huit ans et presque inconsciemment, je n’écris que sur le Liban. D’autant plus que je suis triste pour ce pays qui plonge dans la noirceur la plus totale alors qu’il possède un potentiel culturel et humain énorme. »
Défier la lourde réalité avec la poésie
Porteuse de projets, mais surtout traqueuse de lumière, Nicole Hamouche désire offrir la beauté de son pays au monde. « J’en avais assez de voir mon pays projeter toujours cette image laide ou tragique au monde entier. » Il fallait retrouver ce rai de lumière dont parlait Nadia Tuéni (« Beyrouth est en Orient le dernier sanctuaire, où l’homme peut toujours s’habiller de lumière »). « Pour ma propre survie mentale et pour partager avec l’Occident les œuvres de ces dernières années, note-t-elle. « La Casa Árabe » (qui dépend du gouvernement espagnol) est un centre centre de rencontres, d’échanges et de culture , tourné vers le monde arabe et un vecteur diplomatie culturelle. Elle a commencé donc par leur proposer un projet plus vaste qui élargissait leur vision et qui concernait le Liban. Il engloberait la photographie et autres disciplines artistiques. « L’institution était partante surtout que la direction avait mis cette année le Liban à l’honneur dans plusieurs événements artistiques, entre autres une exposition de photos et un concert de Rami Khalifé », indique Hamouche. Elle sélectionne donc des films qui l’ont touchée : sept au total, entre longs et courts qui relatent le quotidien des Libanais durant ces trois dernières années mais où, selon la curatrice, « on retrouverait une poésie, une tendresse et des rencontres générationnelles ».
« Ainsi dans Beirut, the Aftermath, son premier film documentaire, Fadia Ahmad écoute et filme avec pudeur et poésie les survivants du 4 août hébétés, jeunes, vieux, aisés, démunis, dans leurs maisons en ruine, sur leurs lieux de travail, dans leur ville chérie meurtrie. Dima el-Horr met en scène dans Conversations with Siro Sirvat Fazlian, octogénaire arménienne, anciennement comédienne, dans son quotidien de Mar Mikhaël, le quartier sinistré par l’explosion. On retrouve cette même tendresse et poésie des souvenirs de guerre dans Memory Box du tandem Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Soulever le couvercle du coffre qui parvient au Canada un jour, c’est ouvrir la boîte de Pandore qui fera défiler en couleur, sur une toile de fond pop, toute une époque, celle de la guerre de 1975 à 1990 ». Nicole Hamouche a été également très touchée par « une production assez particulière de par son procédé alliant littérature, audiovisuel sur les échanges de jeunes avec leurs pairs à Coventry, qui ont permis à Nour Annan et Milia Ayache de créer ensemble un court métrage puissant, Not much longer now. Ces sentiments de révolte balisent Thawra Soul de Philippe Aractingi, un court métrage particulièrement artistique et coloré. Red Wall de Cynthia Sawma pourrait être une histoire de tous les jours mais qui se transforme et devient grande par le regard qu’on pose sur elle. Par ailleurs la question de l’écologie, du capitalisme sauvage, du mode de vie et d’une vision du monde que pose Mounia Akl dans Costa Brava pourrait se poser à tout un chacun, qu’il se trouve à Beyrouth, à Madrid ou à Paris ».
Imprégnée du terreau d’une terre ébranlée – qui a dû faire sienne toutes ces questions – et dans « ce laboratoire du vivre-ensemble qu’est le Liban, ce cycle de cinéma se veut une ode à la lumière, à la vie et au dialogue », dit enfin Nicole Hamouche qui reprend la phrase de Nadia Tuéni « L’art est l’affrontement d’une destinée ».