Di Zéna Zalzal da L’Orient le Jour (Libano) del 11 dicembre 2018
Dopo la magnifica realizzazione del Louvre l’anno scorso, apre le sue porte ai visitatori il forte storico Qasr el-Hosn, il più antico edificio dell’emirato ed ex sede del potere della famiglia regnante di Abu Dhabi, ristrutturato come museo nazionale.
QUAND LA TRIBU DES BANI YAS S’INSTALLAIT (DANS UN FORT) à ABOU DHABI
« Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient », dit le dicton. Le départment de Culture et de Tourisme d’Abou Dhabi (DCT) semble s’en être largement inspiré… en décidant de restaurer l’historique forteresse Qasr el-Hosn, résidence ancestrale de la famille régnante al-Nahyan, pour l’ouvrir, le 7 décembre, aux visiteurs en tant que musée narrant l’histoire de l’émirat.
Une rénovation qui constitue la pierre angulaire de l’édification d’un nouveau complexe culturel en plein cœur d’Abou Dhabi, regroupant, outre ce musée, le Conseil consultatif national de la création, la Maison des artisans ainsi que la Fondation de la culture. Les inaugurations officielles de ces institutions dédiées aux arts et à la culture s’égréneront courant 2019. Certaines cependant ont partiellement ouvert leurs portes, comme ce Centre des arts visuels, rassemblant plusieurs espaces d’exposition et studios d’artistes… Et qui proposait en exposition inaugurale une rétrospective d’œuvres de la première génération de peintres émiratis des années 1980-1990.
Valorisation de l’identité
On savait Abou Dhabi résolument lancé sur la voie d’un modernisme culturel, à grand renfort d’universités et de musées internationaux, dont la NYU, La Sorbonne ainsi que le Louvre, à l’architecture signée Jean Nouvel – en attendant l’émergence du Guggenheim conçu par Frank Gehry, et du Zayed National Museum confié à Norman Foster, entre autres gros chantiers. On savait que l’émirat le plus riche de la confédération était décidé à faire de la culture et de l’éducation l’étendard de son esprit de tolérance et d’ouverture au monde. Une ambition culturelle voulue aussi, sans doute, pour se démarquer de la trop bling bling Dubaï. Mais ce qu’aura surtout démontré l’inauguration en grande pompe de Qasr el-Hosn, en présence de cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyan, et la pleine semaine de célébrations culturelles et festives qui ont accompagné l’événement, c’est l’attachement des (sages) dirigeants d’Abou Dhabi à la valorisation du patrimoine local, de l’identité et des traditions de l’émirat.
Confiance et cohésion
Le passé est la rampe de lancement vers l’avenir, dit-on. Celui que narre l’exposition permanente de Qasr el-Hosn est fait de confiance, de solidarité et de cohésion entre un peuple et ses dirigeants. Et c’est dans cette même veine que la gouvernance de cet État émirati se poursuit. Voilà ce qui ressort de la très instructive visite de ce fort qui se dresse en plein centre d’Abou Dhabi et qui a été tour à tour la résidence de la famille régnante, le siège du gouvernement et du Conseil consultatif, puis celui des Archives nationales.
Du nomadisme au commerce de perles
Ce Qasr el-Hosn, dont la restauration vient d’être bouclée, est, en fait, le plus ancien bâtiment de la ville. Il est même son site fondateur. Le lieu où la tribu nomade des bani Yas s’est implantée au milieu du XVIIIe siècle pour vivre de la pêche et du commerce des perles. Ce fort, dont la plus ancienne partie, une tour de guet, remonte aux alentours de 1761, enclavait donc au départ les rudimentaires habitations du premier groupement de Bédouins sédentarisés. Au fil du développement de la communauté, il s’est élargi d’une seconde enceinte vers 1795 puis s’est doté d’un palais qui, jusqu’aux années 1960, servira de résidence permanente aux dirigeants d’Abou Dhabi.
Le fort blanc
Son immaculée blancheur, contrastant avec les buildings environnants, rappelle que sa structure a été, originellement, érigée avec de la chaux, du sable, des coraux et des coquillages, tandis que les sols et toits étaient faits de mangrove. Par ailleurs, l’un des aspects les plus remarquables de la structure de ce palais est son fameux système de ventilation « barjeel », le plus ancien des systèmes de climatisation permettant aux salles intérieures de profiter de la brise marine grâce à de petits conduits d’air.
Aujourd’hui, après une décennie de minutieux travaux, le « palais du fort » a rouvert ses portes au public en tant que musée qui retrace les grandes étapes de l’histoire d’Abou Dhabi. À travers une exposition immersive, où la reconstitution des espaces de vie, avec les mobiliers et objets d’origines, se greffe de vidéos d’animation, de témoignages vocaux, documents et photos d’archives, les visiteurs se familiarisent avec les figures marquantes de la famille régnante. Ces cheikhs qui, à différentes périodes, ont su protéger les intérêts de leur population. Depuis cheikh Zayed I (désigné par the First), qui établit au XIXe siècle un Majlis pour débattre des doléances des membres de la tribu, jusqu’au cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyan, célébré comme le père fondateur de la nation moderne. Arrivé au pouvoir en 1966, il conduisit la transformation radicale d’Abou Dhabi de bourg côtier en cité globale. Sans oublier bien sûr le fameux cheikh Chakhbout ben Sultan al-Nahyan qui attribua aux Britanniques les premières concessions de pétrole en 1939 depuis le Majlis de Qasr el-Hosn.
Un fort blanc que le ministère de la Culture et du Tourisme d’Abou Dhabi voudrait comme le symbole d’une politique, certes, monarchique, mais qui a toujours œuvré pour offrir à sa population une éducation qui chérit son histoire tout en se projetant vers un futur ouvert… Un exemple à suivre, peut-être ?